top of page

Les périodes d’activités frénétiques aléatoires, plus communément appelées les « zoomies »


Certains trouvent ça drôle et amusant alors que d’autres n’aiment pas ça du tout et trouvent le comportement inquiétant et dérangeant, mais tous propriétaires de chien doivent l’avoir vécu au moins une fois. Je parle des moments où votre chien devient un petit diable de Tasmanie, part à courir dans tous les sens et parfois à mordiller et japper frénétiquement dans un élan incontrôlable. Incontrôlable, puisque vous avez beau l’appeler et tenter de l’arrêter, rien à faire! Attirer son attention est difficile voir impossible. C’est un phénomène que l’on surnomme les « zoomies » (ou FRAPs : frenetic random activity periods).



Que sont les zoomies?


Les « zoomies » sont des périodes d’activités frénétiques aléatoires, c’est-à-dire des périodes où le chien se met à courir et faire des cercles rapidement, de tout bord tout côté, sur une courte période de temps et sans raison apparente (1, 2, 3). Ce comportement tout à fait normal est un moyen pour votre chien de dépenser un excédent d’énergie ou de stress. Imaginez un enfant qui arrive dans une fête pleine d’autres enfants excités. Cet enfant pourrait s’exciter fortement et se mettre à courir dans tous les sens pour dire bonjour aux autres et se joindre aux jeux. Imaginez également un jeune adolescent qui peut enfin sortir de classe après une journée complète d’examens. Ce jeune pourrait littéralement exploser de joie et courir vers l’autobus pour rejoindre rapidement ses amis. Il n’y a rien d’anormal chez ces enfants, ils sont simplement excités et ils ont besoin de dépenser le surplus d’énergie qu’ils ressentent et/ou de réduire la tension accumulée. La même chose pourrait se produire chez le chiot qui sort de sa cage à l’arrivée de ses propriétaires à la maison, qui vient de prendre un bain ou qui rentre à la maison à la suite d’une promenade remplie de nouveaux stimuli.


Un « zoomie » est un moment généralement de courte durée - secondes à minutes avant l’épuisement - qui se produit davantage chez les jeunes chiens, mais qui peut également se produire chez les chiens d’âge adulte et sénior (2, 3). Chez les très jeunes chiots - en terme de semaine d’âge -, le comportement peut être moins fréquent puisqu’ils n’ont pas développé les capacités physiques et la force nécessaire pour courir aussi rapidement et frénétiquement. Chez les jeunes chiens (3-4 mois et +), malgré les nombreuses siestes, celles-ci sont entrecoupées de plusieurs pics d’activité, souvent plus intense. Chez les séniors le niveau d’énergie diminue et donc, par le fait même, la fréquence des zoomies. Il en demeure que s’ils sont en santé et joyeux, les chiens de tous âges peuvent « zoomer ». Ce qui signifie d’une certaine manière que les zoomies sont un signe de bonheur et de bonne santé chez le chien (2). «Je n’ai jamais vu un chien gravement malade manifester un tel comportement», dit Mahaney (3).


Bien que cela soit un comportement normal et commun chez les chiens, certains propriétaires voudront en réduire la fréquence, principalement lorsque ceux-ci se produisent dans la maison. Eh oui, à moins d’avoir transformé son salon en piste de course « dog proof », faire des pirouettes dans la maison peut entrainer des bris de matériaux et mobiliers et également une possibilité de blessures chez le chien. Voilà pourquoi nous vous parlerons plus bas des causes et des différents moyens d’interventions pour en réduire l’apparition.


Crédit vidéo : Insider (2018). Retrouvé sur: https://www.youtube.com/watch?v=cp0JlFYBw2o



Les « zoomies » sont-ils sans dangers ? Oui, mais... :


Deux facteurs devraient vous préoccuper pendant ces périodes d’activités frénétiques aléatoires : la fréquence des périodes et les obstacles se trouvant dans l’espace où ils se produisent.


Si ces évènements sont très fréquents, plusieurs par jour par exemple, il est recommandé d’en discuter avec votre vétérinaire puisque ceux-ci pourraient être en fait le résultat d’un comportement obsessionnel compulsif (1). Cela peut également dire que votre chien manque définitivement de dépenses énergétiques ou éprouve un stress élevé et fréquent. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un professionnel du comportement canin ou vétérinaire afin d’obtenir de l’aide.


Bien que peu fréquents (2), des incidents peuvent survenir. Votre cour ou le parc sont donc des endroits idéaux pour permettre à votre chien de dépenser son trop-plein d’énergie, plutôt qu’un salon encombré ou qu’une cuisine bondée d’ustensiles tranchants. Si on ne peut empêcher son chien de s’exercer à l’intérieur de la maison, optez pour les pièces loin des escaliers avec tapis ou moquette qui sont plus sécuritaires que celles avec céramiques ou bois francs sur lesquels votre chien pourrait glisser et se blesser. Assurez-vous également dans ce cas que vos biens matériaux cassables ne soient pas sur sa trajectoire. Il est conseillé de gérer votre environnement en ne laissant pas ces objets à sa disponibilité : oubliez les petits vases et autres bibelots sur votre table à café ou les étagères du bas d’une bibliothèque par exemple.




Les deux causes les plus fréquentes et comment intervenir :


1) Trop-plein d’énergie


La majorité des propriétaires de chiens rapportent que ces épisodes arrivent généralement le matin au réveil de leur chien, au retour du travail ou le soir en fin de journée. Normal, ce sont des périodes où le chien peut être particulièrement excité ou joueur puisqu’il se réveille d’une bonne nuit de sommeil ou d’un long moment seul dans sa zone de confinement (cage, enclos, etc.). Les chiens vont également s’élancer dans ce délire au parc par exemple, puisque très heureux d’y être. Dr Bekoff énonce même que les « zoomies » sont contagieux : les chiens observant d’autres chiens le faire avec un tel enthousiasme ne peuvent s’empêcher de se joindre à eux (2).



Moyens d’intervenir :


Si vous préférez réduire le comportement malgré toute la joie que cela apporte à votre chien, prévenir et lui offrir une activité de remplacement sont les meilleures solutions. Vous pouvez par exemple offrir d’aller courir à l’extérieur ou de jouer à la balle au chien qui semble trop exciter et entrer dans une période d’activité frénétique aléatoire. Vous pouvez également offrir au chien de quoi mastiquer afin de l’aider à libérer des hormones, telles que l’endorphine, qui l’apaiseront (4). Finalement, vous pouvez prévenir les « zoomies » en subvenant mieux aux besoins de votre chien et donc en augmentant le niveau d’activités physiques, mentales et masticatoires qui lui sont offertes. Un chien aurait besoin en moyenne de 3 à 5 heures d’activité par jours.


On parle d’un minimum de 30 minutes d’exercices physiques par jour (ex. : marche rapide, jogging, jeux, nage, etc.), 2 à 3 heures d’activités masticatoires par jour comprenant manger ses repas dans des jouets interactifs et 15 à 30 minutes d’activités mentales (ex. : entraînement de nouveaux tours, détections d’odeur, etc.). Plus les besoins de votre chien sur ces 3 volets seront comblés, moins ils auront besoin d’exercer des activités d’ordre sexuel (chevaucher), vocal (hurler / aboyer), frénétique et aléatoire ou compulsif. Si, même après une période d’exercice intense votre chien semble en vouloir encore davantage, essayez de faire jouer une musique douce et calme dans la maison. Quelques études auraient effectivement démontré que la musique douce et calme contribuerait grandement à la détente des chiens, qu’il soit stressé ou qu’il entre dans une période d’activité aléatoire et frénétique (3).


Définissez une belle routine pour votre chiot qui comprend du temps pour jouer, du temps pour de l'entraînement et du temps pour aller marcher. Vous quittez la maison pour de longues périodes et ne pouvez combler les besoins de votre chien et ainsi prévenir les « zoomies »? Optez pour un service de garde et de promenade. Assurez-vous également d’insérer de belles périodes de siestes dans cette routine. Les chiots ont besoin de beaucoup de repos répartis tout au long de la journée. Un chiot qui est au contraire surstimulé et qui dort peu peut également s’élancer dans une période d’activités frénétiques aléatoires pour se détendre.



2) Stress intense ou moment inconfortable


Votre chien pourrait également s’élancer dans un épisode de « zoomie » à la suite d’un évènement stressant, inconfortable ou exténuant. Par exemple, après une longue promenade enrichissante, mais bruyante ou après un bain, lorsque peu apprécié par le chien. C’est comme s’ils se déchargeaient d’une tension nerveuse accumulée ou d’un surplus de joie en réponse à l’arrêt d’une situation stressante ou d’une journée trop stimulante. Imaginez un jeune enfant qui fait une crise (#crisedebacon) au retour d’une journée au parc d’attractions. L’enfant a adoré sa journée, mais puisqu’il est exténué, il réagit autrement qu’en souriant. Un chien ferait de même en se mettant à courir dans tous les sens, en sautant d’un divan à l’autre, en mordillant frénétiquement ses propriétaires ou ses jouets, en jappant contre ses propriétaires, etc. Contrairement aux chiens qui exercent le « zoomie » pour dépenser un trop-plein d’énergie, ces chiens démontreront également des signes non spécifiques de stress, tels que se secouer, se gratter ou se lécher frénétiquement, avoir les pupilles dilatées ou perdre excessivement son poil.



Moyens d’intervenir :


Dans tous les exemples mentionnés plus haut, le chien réagit à la suite d’une situation qu’il trouve stressante, inconfortable ou trop intense. Dans ce cas, l’idéal est donc de trouver ce qui fait réagir votre chien et de travailler la cause sous-jacente. Portez attention aux moments où votre chien tend à s’élancer dans une période d’activité frénétique. Par exemple, un chiot qui s’élance dans un « zoomie » à toutes les fois que vous revenez d’une promenade. La cause de cette réaction pourrait être une crainte ou une incertitude face aux bruits des voitures et camions, face aux étrangers rencontrés qui l’ont harcelé de câlins, face aux chiens rencontrés qui ont tenté de jouer trop intensément avec lui, etc. Pour en trouver la cause, vous devrez observer les comportements de votre chien lors de ses évènements, sa posture et, si le cas est, ses signaux d’inconforts et d’apaisement et ses signaux de stress non spécifiques. Vous devrez ensuite rendre ses moments inconfortables, amusants, positifs et agréables pour votre chien à l’aide de récompenses et du jeu par exemple. Il sera également de votre devoir de bien gérer l’environnement de votre chien, tel qu’éviter les situations stressantes ou d’en réduire la fréquence et la durée. Si la situation ne semble pas s’améliorer, il est recommandé de faire appel à un spécialiste du comportement canin afin de mettre en place un plan de modification comportementale détaillé et efficace qui utilise des techniques de désensibilisation et de contre-conditionnement.


Vous pourriez également offrir au chien de quoi mastiquer afin de l’aider à libérer des endorphines qui l’apaiseront et/ou lui faire jouer de la musique relaxante et apaisante tel que mentionné plus haut.



Derniers conseils :


Le cerveau des chiens apprend facilement et rapidement à l’aide d’associations (conditionnement classique) et de conséquences immédiates à leurs actions (conditionnement opérant; 5). Les chiens peuvent donc apprendre que ces périodes d’activité frénétiques aléatoires leur apportent de l’attention de la part des humains. Une fois l’association créée, le chien pourrait en demander plus et plus encore et ainsi vouloir répéter ce comportement chaque fois qu’il chercher à obtenir votre attention. Dans ce cas, au moindre doute, ignorer votre chien lors de ses périodes de « zoomies » et même quitter la pièce dans laquelle il se trouve. Il vaudra mieux attendre qu’il se calme pour revenir dans la pièce et le diriger vers une autre activité.




Pour conclure, n’oubliez pas que les « zoomies » sont des comportements normaux et sans grands risques. Ils font rires et rendent nos chiens heureux ! Tenter toutefois d’en trouver la cause afin de mieux agir, principalement si le comportement semble problématique. Je vous invite à communiquer avec nous pour en discuter en cas de doute, pour une meilleure gestion du comportement.



Crédit vidéos : RM Vidéos (2018). Retrouvé sur : https://www.youtube.com/watch?v=tGep11hxCFo

















Véronique Chantal, MSc.

Spécialiste en comportement animal

514 830-1316











RÉFÉRENCES :


1) Stephanie Gibeault (2020). Why does my puppy go wild at night? The American Kennel Club, Inc. Retrouvé sur : https://www.akc.org/expert-advice/training/why-does-my-puppy-go-wild-at-night/


& Stephanie Gilbeault (2019). Zoomies : why your dog gets hyper & runs in circles. The American Kennel Club, Inc. Retrouvé sur : https://www.akc.org/expert-advice/lifestyle/what-are-zoomies/


2) Bekoff, M. (2017). It’s OK for dogs to engage in zoomies and enjoy FRAPs. Allowing dogs to engage in frenetic random activity period is a good idea. Psychology Today. Sussex Publishers, LLC. Retrouvé sur : https://www.psychologytoday.com/us/blog/animal-emotions/201709/its-ok-dogs-engage-in-zoomies-and-enjoy-fraps


3) Karen Shaw Becker (2019). What makes your dog get « the Zoomies »? Healthy Pets, Dr Joseph Mercola © 1997-2020. Retrouvé sur : https://healthypets.mercola.com/sites/healthypets/archive/2019/05/07/dog-zoomies.aspx


4) Hubo K., Linuma M., Chen H. (2015). Mastication as a stress-coping behavior. Biomed Res Int.


5) Pamela J. Reid (1996). Excel-erated learning – explaining how dogs learn and how best to teach them. James & Kenneth Publisher, 172p.


Suivez le chieN futé!
  • White LinkedIn Icon
  • White Facebook Icon
  • White Instagram Icon
articles RÉCENTS
Archives
Recherche
Logo Centre Éducatif Le Chien Futé
  • White LinkedIn Icon
  • White Facebook Icon
  • White Instagram Icon

© Copyright 2022 Centre Éducatif Le Chien Futé.
Tous droits réservés

Véronique Chantal, M.Sc.
Spécialiste en comportement animal

Montréal
Rive-Nord (Repentigny, Terrebonne, Mascouche, Laval, etc.)

Rive-Sud (Longueuil, Boucherville, Brossard, St-Hubert, etc.)

bottom of page