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MON CHIEN A PEUR DE DESCENDRES OU DE MONTER LES ESCALIERS. AIDER-MOI !


Avoir peur de descendre ou de monter des escaliers, c’est irrationnel vous me dites? Eh bien oui, de prime à bord, ça semble l’être. Toutefois, les émotions sont loin d’être irrationnelles et sont au contraire bien adaptées à notre environnement et à notre quotidien (1). Il peut toutefois arriver qu’une réaction émotionnelle soit inadaptée, suite à un évènement traumatisant par exemple, ce qui influencera la prise de décision future (1). De ce fait, un chien qui déboule un escalier ou qui n’a jamais été introduit à celui-ci pourrait avoir une réponse émotionnelle inadaptée et prendre la décision de ne pas les emprunter à nouveau ou de ne jamais s’y lancer. C’est souvent le cas des chiens de course à la retraire (ex. : le lévrier), qui n’ont généralement connu que leur enclos et leur piste de course.


Par chance, ce ne sont pas que les éléments négatifs qui captent efficacement l’attention, la mémoire ou la prise de décision (1). C’est pourquoi le conditionnement classique est fréquemment utilisé lors d'une thérapie comportementale chez le chien. Le but étant d’associer un stimulus neutre n’ayant aucune valeur émotionnelle aux yeux du chien (SC - stimulus conditionnel) avec un stimulus qui entraîne une réponse émotionnelle involontaire / automatique (SI – stimulus inconditionnel). L’exemple bien connu de Y.P. Pavlov est parfaitement illustré par Lili Chin (2013):


Crédit photo : Lili Chin 2023 trouvé sur https://www.doggiedrawings.net/freeposters



Le fait d’entendre une cloche (SC) et de se voir offrir quelque chose d’alléchant à manger au même moment déclenchera une réponse émotionnelle involontaire chez le chien (SI) qui salivera éventuellement dès que le son de la cloche se fera entendre.


Un évènement aussi banal que de descendre les escaliers quotidiennement ne crée pas de réponse émotionnelle vive. Selon le professeur David Sander et bien d’autres, il est plus facile d’aller rechercher le souvenir d’un évènement vif que neutre (1). Nous aurions ainsi plus confiance en cette évocation et elle sera plus détaillée (1). De ce fait, un chien qui tombe dans les escaliers une fois et se blesse se souviendra davantage de cet évènement en particulier et pourrait prendre la décision de ne plus les emprunter.


Alors ! Que faire si mon chien ne veut plus utiliser l’escalier ou les escaliers de la maison ? C’est exactement ce qui est arrivé à Cooper, golden retriever de plusieurs livres, dans une maison avec divers paliers et différentes tailles d’escalier. Cooper est demeuré prisonnier au 2e étage, ne voulant plus redescendre les marches de l’étage supérieur, et ce, même pour aller manger ou aller se soulager. Son gentil et très fort papa humain a dû le descendre dans ses bras quelques fois pour l’aider (*** veuillez prendre des mesures de sécurité au besoin si vous le faites à la maison). Alors voici comment cette belle équipe a réussi à redonner confiance à Cooper face à la descente des escaliers. Il a été recommandé de … :






1) Bloquer l’accès à l’escalier menant au 2e étage et de sécuriser les marches dans le but d’entraînements et d’utilisations futurs.


Vous devriez vous poser les questions suivantes :

- « mon chien est-il tombé dans l’escalier pour en avoir peur ? »

- « les marches sont-elles trop glissantes pour lui ? »

- « les poils sous les coussins de votre chien sont-ils trop longs ? »

- « votre chien est-il trop excité lorsqu’il descend les escaliers ? »


Tous sont des facteurs pouvant expliquer une chute. De ce fait, lui bloquer l’accès aux escaliers dont il a peur à l’aide de barrières vous permettra de mieux vous préparer et d’empêcher qu’il reste prisonnier à l’un des étages ou tombe à nouveau.

Vous devriez également sécuriser chacune des marches des escaliers en y ajoutant par exemple un tapis de sol antidérapant (ex. : en caoutchouc, fixé temporairement aux marches de l’escalier). Cela permettra de construire la confiance de votre chien et de vous assurer qu’il ne chute pas à nouveau si les marches sont trop glissantes pour lui.



2) Utiliser les techniques de désensibilisation progressive.


La désensibilisation est une technique qui a pour but de vaincre des peurs, des angoisses ou des phobies en le confrontant graduellement et de façon régulière à la situation, la personne, l’animal ou à l'objet redouté (2, 3). En le confrontant de façon répétée au stimulus qui lui fait peur à son intensité la plus faible au départ, le sujet va ressentir de moins en moins de symptômes liés au stress et à la peur et la situation va ainsi devenir familière, voire agréable. En travaillant avec cette technique, il est important que le chien demeure sous son seuil de tolérance et de réactivité, afin que le chien puisse apprendre à apprécier à nouveau le stimulus. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas sauter les étapes trop rapidement et que les étapes sont en fait dictées par l’acceptation de votre chien à les réaliser. Vous devrez donc en contrôler l’intensité du stimulus, ainsi que la durée d’exposition et la distance.


Voici l’exemple de Cooper :


- Durée d’entraînement : 1 à 3 fois par jours pendant 5 à 15 minutes. Pour un chien plus réactif et stressé face au stimulus, la durée sera plus courte au départ.


- Intensité de l’entraînement : descendre un palier à trois marches très larges versus descendre un palier à dix marches étroites et abruptes. Cooper ne parvenait pas à descendre qu’un seul des paliers d’escaliers, soit celui où l’incident était fort probablement survenu. Il était donc logique de travailler l’exposition aux escaliers à l’aide des paliers plus courts en terme de nombre de marches et même, dans un autre environnement pour débuter (ex. : les escaliers extérieurs du balcon ou intérieurs de l’entrée).


- Distance : doit-on l’exposer aux escaliers en débutant par une distance de 0, 3, 5 ou 10 pieds ? En partant du haut, comme du bas de l’escalier, Cooper n’avait pas de difficulté à s’en approcher volontairement : il ne tentait pas de fuir, il ne figeait pas, mais semblait plus crispé et avoir une respiration accélérée lorsqu’il en était très près. Donc l’idéal était de travailler à s’éloigner, puis à s’approcher doucement du palier effrayant, à son rythme, jusqu’à ce qu’il veuille bien descendre et/ou monter la première marche.


Uniquement lorsque votre chien est prêt pour cette étape, vous pourriez l’aider à accepter de descendre ou de monter l’escalier redouté en le déposant au bas ou au haut de l’escalier, tout dépendant de s’il a peur de le monter ou de le descendre. Par exemple, si votre chien a peur de descendre l’escalier complètement, commencez par lui faire descendre que les deux ou trois dernières marches de l’escalier. Puis on le déposera et on lui fera descendre la moitié, les ¾ et puis l’entièreté.




3) Utiliser le conditionnement classique pour recréer une association positive et potentiellement accélérer le processus.


La désensibilisation utilisée seule peut parfois être laborieuse. N’oubliez pas, vous devez aller au rythme du chien, qui se familiarisera à nouveau de lui seul avec le stimulus qui lui fait peur. Le conditionnement classique permettra de donner un coup de pouce afin de créer une association agréable et positive souvent plus rapidement. Voici, avec l’exemple de Cooper, comment ajouter du conditionnement en même temps que la désensibilisation, selon les trois facteurs :


- Durée d’entraînement : offrir une gâterie versus le repas de son chien sur la première marche de l’escalier. Manger son repas en entier prendra plus de temps que de manger une seule gâterie. La durée d’exposition au stimulus sera donc plus longue. Toutefois, avec le temps et s’il l’accepte, le fait d’offrir son repas près de l’escalier ou sur ses premières marches permettra à votre chien de recréer une association positive plus rapidement avec cet environnement.


- Intensité de l’entraînement : offrir une récompense sur chacune des marches à gravir par votre chien en débutant par celle du haut ou du bas (les moins redoutées) ou les offrir seulement à la fin d’un palier d’escalier plus court et plus facile. Dans ce cas, la valeur de la récompense ou le nombre offert peut varier selon l’intensité de l’exercice. Par exemple des récompenses toutes simples (ex. : du foie séché) sont offertes sur les premières marches d’un escalier ou les paliers plus courts, alors que des saucisses à hot dog sont offertes sur les marches de centre d’un palier ou à chacune des marches de palier plus abruptes.

Par exemple, Cooper se voyait offrir du poulet cuit ou du steak sur les marches du palier qu’il ne désirait plus descendre, mais des récompenses régulières sur les autres paliers qu’il gravissait aisément.


- Distance : au départ, Cooper se voyait offrir une récompense lorsqu’il s’approchait de l’escalier redouté volontairement ou avec incitation, puis ne s’en voyait plus offrir lorsqu’il s’en éloignait. Ensuite, il pouvait se voir offrir une récompense après avoir gravi ou descendu deux marches, puis 4 puis 7, puis l’entièreté d’escaliers similaires à celui redouté. Cela a donc permis de le mettre en confiance et de créer une association positive avec le fait de monter ou descendre les escaliers, une marche à la fois.




4) Utiliser des commandements connus du chien qui apportent du mouvement et qui lui apportent du plaisir et de la joie.


Par exemple, un chien qui aime la commande « au pied » utilisée lors de la promenade puisqu’elle a déjà été associée avec énormément de bonheur. On parle toujours de conditionnement ici. Le but est d’associer le stimulus redouté avec une activité appréciée. Si le souvenir de cette activité est vif, il pourrait aider à surpasser la peur de votre chien. Prenons l’exemple d’un chien qui a peur de la voiture, mais qui adore jouer à la balle ou au frisbee. Si l’envie d’attraper le jouet en vol lorsqu’on lui cri « attrapre !» est plus forte que la peur d’entrée dans la voiture, il est fort à parier que le simple fait de lancer fréquemment le jouet dans la voiture créera un conditionnement positif envers celle-ci.


Attention, ne lancer pas de balle ou de frisbee à votre chien en bas des escaliers, celui-ci pourrait fortement se blesser. Toutefois, si les commandes « touche », « viens » ou « au pied » ont déjà été associées au plaisir de se voir offrir une récompense, pourquoi ne pas l’utiliser à bon escient ? La commande « au pied » pourrait faire en sorte que votre chien vous suive doucement jusqu’au bas ou au haut de l’escalier. La commande « touche » peut être utilisée également pour inciter votre chien à gravir ou descendre graduellement les marches de l’escalier.




5) Contacter un éducateur canin qui pourra vous offrir un protocole détaillé, vous guider à travers le processus et vous offrir du support moral.

Appelez-nous pour un coup de patte : 514 830-1316 ;)!












Véronique Chantal

M.Sc. comportement animal




Références :

1. Citations du professeur David Sander dans le magazine Le Temps. Les émotions sont souvent rationnelles. https://www.letemps.ch/sciences/emotions-souvent-rationnelles

2. Pamela J. Reid. Excel-erated learning. Explaining how dogs learn and how best to teach them, James & Kenneth Publishers, USA, 1996, p. 20-24.

3. Joël Dehasse. Tout sur la psychologie du chien, Éditions Odile Jacob, Paris, 2009, p. 328-329.

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